Les conjointes que j’espère pour mes garçons

Temps de lecture: 5 minutes

Écouter la version audio 👇🏻

L’ex de Benjamin a repris contact avec lui. Il m’a donné des nouvelles alors qu’on était seul dans la voiture au début d’une grosse journée de préparatif au prochain déménagement. J’ai été un peu surprise. Je ne vais pas entrer dans les détails parce que je sais que ce n’est pas ce que voudrait Benjamin et ce n’est pas ma place de le faire (avant de publier ce texte, j’ai obtenu la permission de Benjamin).

Sous ma surprise, il y avait une pointe de déception. Est-ce le syndrome de « Elle n’est pas assez bien pour toi! »? Lorsque je vois cette dynamique interprétée au cinéma, ça me dégoûte parce que je ne valorise pas la position d’autorité dans la relation avec mes enfants. Une partie de moi sait que ce n’est pas à moi de choisir ou d’approuver les conjointes que mes enfants choisiront.

Ma mission de vie est d’offrir à mes enfants une bonne santé mentale et une bonne santé émotionnelle et tout à coup, ils pourraient choisir une conjointe qui vient avec son lot d’obstacles émotionnels. Des obstacles qui sont monnaie courante dans notre société basée sur la productivité, la performance et l’autorité. Une société déshumanisée qui traite les humains comme des encrages d’une machine mal huilée. J’aimerais tant que mes fils choisissent des conjointes qui comme eux, ont un niveau d’estime de soi et de confiance en soi sain. Des filles qui savent qu’elles méritent tout naturellement d’être aimées. Des filles matures émotionnellement. Pas comme moi à leur âge.

Le pire de moi

Je sais que c’est ironique et ma position ne vient pas du fait que je me crois supérieur, mais plutôt que j’ai été cette conjointe. Dans ma vingtaine, au moment où j’ai rencontré Patrick, j’étais loin d’être en bonne santé mentale et émotionnelle. Au début de notre relation, les effets des endorphines nous plongent dans une réalité où notre santé mentale est optimale. Je voyais la vie pour ce qu’elle a de meilleur à offrir. Cette période nous offre un souvenir fort de quelque chose qu’on peut à nouveau vivre en guérissant nos blessures personnelles, en faisant du ménage émotionnel dans notre vie. Rapidement, à peu près un an, et revenait au galop mes insécurités et mon besoin de contrôle

À lire aussi: Je suis encore contrôlante

Je projetais et projette encore dans cette relation, le pire de moi. Après une longue transformation personnelle qui m’a permis de gagner en maturité émotionnelle, ces zones de souffrance, thank God, sont de moins en moins à vif.

Photo by Allef Vinicius on Unsplash

Cette sécurité intérieure que je n’avais pas, la relation avec Patrick m’a permis de la ressentir. Quand tout va vraiment mal, je veux Patrick et personne d’autre. Je suis capable d’être moi avec lui et je me sens à l’aise qu’il me voit dans ce que j’ai de plus vulnérable. Je me sens rarement jugé par lui, surtout pas au niveau de mon corps.

Changer

Je devrais être compréhensive alors que j’ai été moi-même une conjointe loin d’être en forme émotionnelle, mais non. Parce qu’il y a en moi cette croyance; il y a peu de gens qui veulent changer et de ceux qui disent le vouloir, trop peu y arrive d’une façon qui a un impact majeur dans leurs vies émotionnelles. Les blessures émotionnelles n’offrent pas de moyen facile de les guérir parce qu’elles nous maintiennent dans un besoin de sécurité trop haut pour nous permettre de sortir de notre zone de confort et apporter des changements durables à notre vie.

On a tous notre lot de blessures émotionnelles et encore faut-il en être conscient pour désirer les guérir et vivre un état mental et émotionnel favorable à une relation respectueuse et profondément satisfaisante. Ma peur est que ces conjointes fictives ne seront pas conscientes de ces blessures et ne pourront pas s’offrir une meilleure vie. Si c’est le cas, la peur en dessous de tout ça est que mes garçons après tout ce que j’ai fait pour favoriser leur bonheur et une bonne santé émotionnelle, soient malheureux en couple. 

©Julie Nadeau

©Julie Nadeau

Choisir la confiance et le respect

Évidemment que je vois à quel point la peur ne me permet pas d’avoir confiance en la vie et surtout en mes enfants. Ma peur, prenant racine dans mes propres blessures, a le pouvoir d’influencer mes interactions avec mes garçons quand on jase d’amoureuses dans leur vie.

Je sais que je vais choisir la confiance, mais j’ai besoin de faire le chemin pour m’y rendre. J’ai besoin de réfléchir aux peurs en dessous, aux blessures en moi qui s’expriment en me faisant un petit coucou provocateur. Vais-je profiter de cette opportunité pour guérir davantage?

À lire aussi: La confiance est une priorité dans mes relations avec mes garçons


Calmer la lionne en moi

Quand il s’agit de mes enfants, je suis prête à tout. Protéger leur bienêtre émotionnel a été ma mission, je les ai protégés dans des situations où les gens pensaient savoir mieux que moi ce qui est bon pour mes enfants. Des gens qui se donnent des droits quant aux comportements que mes enfants devaient exhiber en essayant de les contrôler. Maintenant qu’ils sont de jeunes adultes, ils rencontrent ce type de relation sans que je sois présente. Quand ils me racontent, j’ai le goût d’aller leur parler dans le casque à ces professeurs qui pensent que c’est correct d’être irrespectueux envers les élèves. Notre système est malade, souffrant, créant plus de souffrance.

Rassurez-vous, je ne le fais pas. La lionne en moi se clame, mais est-ce que je vais être capable de la calmer quand ce sera les conjointes de mes enfants qui vont les faire souffrir?

Mes enfants sont mon cadeau pour ce monde qui a profondément besoin d’amour et de paix. Ils sont ce que j’ai de plus beau, mais je sais qu’ils ne m’appartiennent pas. Qu’ils ne m’ont jamais appartenu ! L’expérience humaine fait en sorte que mon attachement est profond et sensible à l’erreur, au mot de trop. Personnellement, je n’aurais vraiment pas apprécié que ma belle-mère se place entre moi et Patrick. Je ne veux pas être celle qui va ajouter de la pression à ce que mes enfants vivent dans leurs relations intimes.

J’aimerais ça finir sur une belle phrase réconfortante, parce que j’en ai bien besoin, mais ça ne vient pas. Je ne sens pas de grande révélation, juste quelques motivations mises à jour, sans plus. Et une question, quel chemin vais-je emprunter pour vivre plus de paix et de confiance à ce sujet?

Julie xo

💖 merci de considérer partager cette publication.