Qu’est-ce que cachent nos inquiétudes et nos peurs?
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Dernièrement j’ai découvert une chaîne YouTube et surtout des vidéos aux graphiques plaisants qui en quelques minutes résument des aspects de la transformation personnelle avec efficacité. School of life est une chaîne anglophone (j’ai traduit une vidéo super intéressante plus bas sur cette page) qui a plusieurs vidéos; l’impact de la négligence émotionnelle précoce, est-ce que les gens peuvent changé?, les traumatismes de l’enfance nous suivent jusqu’à l’âge adulte et celui dont j’ai envie de parler aujourd’hui, comment surmonter les traumatismes.
En premier, voici la vidéo et la traduction juste en dessous..
Mes réflexions sont sous la traduction.
TRANSCRIPT - Comment surmonter un traumatisme
Le traumatisme psychologique peut être défini comme un événement négatif si écrasant que nous ne pouvons pas correctement le comprendre, le traiter ou passer à autre chose - mais, et c'est l'aspect diabolique de celui-ci, nous ne pouvons pas non plus nous en souvenir correctement ou réfléchir à sa nature et ses effets sur nous. Il est logé en nous, mais nous est caché, ne faisant connaître sa présence que par des symptômes et des douleurs, altérant notre sens de la réalité sans nous alerter de ses opérations souterraines diaboliques.
Sans surprise, de nombreux traumatismes psychologiques surviennent dans l'enfance. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux traumatismes, car ils sont généralement incapables de bien se comprendre ou de comprendre le monde - et doivent compter, dans une mesure peu commune, sur des parents qui sont souvent moins que matures, patients ou équilibrés. Un enfant peut, par exemple, être traumatisé par un parent qui - sans aucune faute particulière de sa part - devient déprimé peu après l'accouchement. Ou un enfant peut être traumatisé par une exposition à une rage titanesque ou à la violence d'un parent. Ou, parce que la catégorie la plus large de traumatismes psychologiques est également la plus inoffensive, un enfant peut être traumatisé par ce que les psychologues appellent la «négligence», ce qui pourrait signifier qu'à un âge critique (entre 0 et 5, et surtout au cours des 18 premiers mois ), s’il n'était pas correctement chéri, apaisé, réconfortée et, pour nous, un mot large, mais précieux, aimé.
Le principal symptôme d'avoir été traumatisé est la peur. Les personnes traumatisées ont avant tout peur. Ils ont peur de se rapprocher des autres, d'être abandonnés, d'être humiliés et déshonorés, de tomber malades, probablement de sexe, de voyager, de leur corps, de faire la fête, de fragments clés de leur esprit et - au sens large - du monde.
L’héritage d'avoir été traumatisé est une crainte, et un innommable souvenir, inconscient, de terreur et de peur projetée dans un avenir. Comme l'a observé la psychanalyse Donald Winnicott: «La catastrophe que la peur traumatisée va se produire s'est déjà produite». C'est pourquoi, afin de découvrir l'essentiel de ce qui pourrait nous être arrivé il y a longtemps, nous devons nous interroger moins sur le passé (nous ne pourrons pas nous souvenir directement), mais sur ce que nous craignons qui nous arrive à l'avenir. Nos inquiétudes sont les meilleurs indices de notre histoire.
De manière cruciale et surprenante, cela peut prendre beaucoup de temps avant que les personnes traumatisées ne réalisent même qu'il existe une telle chose. Une conséquence majeure des traumatismes est de ne pas avoir de souvenirs de ce qui a été traumatisant - et donc de ne pas savoir à quel point l'image de la réalité est maintenant déformée. Les personnes traumatisées ne vivent pas leur vie en pensant qu’ils sont anormalement peureux: ils pensent simplement que tout est terrifiant. Ils ne remarquent pas leur faible estime de soi: ils supposent simplement que les autres sont susceptibles de se moquer d'eux et de les détester. Ils ne réalisent pas à quel point l'intimité est inconfortable: ils déclarent simplement ne pas être heureux dans telle ou telle relation. En d'autres termes, le traumatisme colore notre vision de la réalité, mais en même temps, nous empêche de remarquer à quel point nous regardons la vie à travers une lentille très déformée.
Ce n'est qu'avec beaucoup de temps, de chance, d’introspection et peut-être d'un étrange effondrement que les personnes traumatisées parviennent à une position où elles commencent à remarquer que leur façon de voir le monde n'est pas nécessairement la façon dont il est réellement. C’est un grand pas vers le bien-être que de remettre en question ses premières impulsions et de commencer à observer la peur et la haine de soi que l'on apporte dans des situations qui ne les justifient vraiment pas. Le traitement des traumatismes fonctionne généralement mieux lorsque nous pouvons connecter notre propre cerveau défaillant et déformé à un autre plus lucide - et tester notre compréhension de la réalité par rapport à celles d'un ami sage ou d'un thérapeute. Nous pourrions prendre conscience - à notre grande surprise - que nous ne sommes peut-être pas fondamentalement dégoûtants; peut-être que tout le monde ne nous déteste pas; peut-être que tout ne se dirige pas vers un désastre complet; peut-être que nous ne sommes dus pour une punition horrible.
Et surtout, si nous subissons des inversions, nous pourrions peut-être nous en sortir, car nous sommes (et cela peut devenir une véritable révélation) maintenant des adultes, pas le nourrisson de neuf mois qui a subi quelque chose qui a changé leur esprit pendant des décennies. Surmonter les traumatismes est le travail de plusieurs années - mais le début de la fin commence par une toute petite étape: se rendre compte que nous pourrions être réellement traumatisés et que le monde n'est peut-être pas l'endroit sombre, effrayant, écrasant et effroyable que nous avions toujours supposé qu’il était.
Mes réflexions
“...nous ne pouvons pas non plus nous en souvenir correctement...”
Je me souviens de l’explication de ma thérapeute lorsque je l’ai consultée concernant un traumatisme qui était, selon moi, la source de la césarienne à mon premier accouchement. Un souvenir de traumatisme est incomplet, brisé et souvent n’a que très peu de sens. Ce n’est pas comme un film avec un début, un milieu et une fin. J’avais une image en tête, un écran de télévision où une femme, les pieds dans les étriers, criait à plein poumon en poussant son bébé. Le sang, les cris, les étriers. L’horreur! Avec la technique EDMR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) utilisée par ma psychologue, j’ai réussi à mettre des mots et complété ce souvenir de traumatisme pour me permettre de le revisiter en tant qu’adulte.
Avez-vous une période de votre vie manquante? Avez-vous très peu de souvenirs de votre enfance? J’en suis venu à comprendre qu’une enfance avec peu ou pas de souvenirs est le résultat de notre système nous protégeant de la souffrance qu’on a vécue dans l’enfance.
Ce qui n’est pas mon cas. En fait je ne comprends pas pourquoi j’ai autant de souvenirs de moments traumatisants, petits et grands. Est-ce qu’il se cache encore plus de traumatismes sous le seuil de ma conscience? Au moins, j’ai pu, avec le EFT (technique de libération des émotions) travailler sur ceux dont je suis consciente et me libérer d’une partie du fardeau de l’intensité émotionnelle accompagnant les traumatismes.
« Les enfants sont particulièrement vulnérables aux traumatismes, car ils sont généralement incapables de bien se comprendre ou de comprendre le monde. »
Une partie de moi est inquiète des traumatismes que mes enfants ont pu vivre dans leur enfance malgré la relation bienveillante que je leur ai offerte. Je crois qu’on ne peut pas leur éviter tous les traumatismes, mais la manière dont on réagit quand ils viennent à nous en pleurant va être déterminante pour favoriser leur résilience. Est-ce qu’on accueille nos enfants avec compassion en les réconfortant ou avec jugement (Pourquoi tu pleure? Ben non, pleure pas. C’est pas grave voyons!)
La perception des bébés est limitée à leur compréhension du monde. L’immaturité de leur cerveau et le manque d’expérience font en sorte qu’ils sont plus facilement surpris de façon négative et traumatisante. Ce qui peut sembler normal ou mineur au niveau de l’intensité des émotions, peut-être traumatisant pour un enfant. Ce qui est traumatisant pour un enfant peut ne pas l’être pour un autre.
Je parle ici du livre qui m’a permis de comprendre les traumas et comment les enfants y sont très vulnérables.
Un manque de réactivité du bébé et de l’enfant suite à un moment ayant le potentiel d’être traumatisant, est probablement une réaction de traumatisme. Un ’enfant qui ne pleure pas, qui est comme un cerf devant les phares d’une voiture, sans réactions, geler sur place, ne veut pas dire qu’il est correct. Au contraire.
« Un enfant peut, par exemple, être traumatisé par un parent qui - sans aucune faute particulière de sa part - devient déprimé peu après l'accouchement. »
Je sais que mes réactions et les défis de ma vie affectent mes enfants. J’en suis consciente et je ne le balaie pas de la main pour éviter de me sentir coupable. J’aurais préféré avoir tout le temps les réactions envers mes enfants qui soient appropriées à leurs besoins, mais ce n’est pas le cas.
Comment je fais pour ne pas crouler sous la culpabilité?
Premièrement, crouler sous la culpabilité est probablement, selon moi, un signe de traumatisme, de blessures de l’enfance à guérir. Penser qu’autant de culpabilité n’est pas naturelle et pas favorable à la résilience est ce qui m’a donné la permission d’aller voir au-delà de la culpabilité.
L’élément majeur dans ma façon de gérer ma culpabilité est de prendre du recul et voir tout ce que je fais pour mes enfants et qui je suis devenue, une mère bienveillante en les aimant inconditionnellement. Tout le positif que j’ai fait outrepasse de loin ces moments où je n’ai pu être ce dont ils avaient besoin.
Vivier une intensité raisonnable de culpabilité me permet d’apprendre de cette expérience en premier lieu et avoir la possibilité de changer les situations futures.
Es-tu capable de te donner la permission de te sentir moins coupable?
« ...un enfant peut être traumatisé par ce que les psychologues appellent la «négligence», ce qui pourrait signifier qu'à un âge critique (entre 0 et 5, et surtout au cours des 18 premiers mois ), s’il n'était pas correctement chéri, apaisé, réconfortée et, pour nous, un mot large, mais précieux, aimé. »
C’est ici qu’entrent en jeu la bienveillance et l’attachement sécure. Répondre aux besoins des enfants, sans les remettre en question, est ce qui selon moi, prévient la négligence. Être une figure de sécurité émotionnelle (ma mère prendre soin de moi) à travers le réconfort fait en sorte que les enfants développent leur résilience. Quand on a ressenti et vécu cet amour inconditionnel, cette acceptation sans limites du réconfort, d’être accueilli comme on est sans se sentir jugé, on est riche de ces expériences dont on se souvient toute notre vie. Ces souvenirs et surtout la sensation d’être aimé nous guident pour retrouver un état interne de calme et de bonheur quand rien ne va plus.
« Le principal symptôme d'avoir été traumatisé est la peur. »
Je confirme. Je me souviens combien la vision de ma vie, du monde et de l’avenir passait à travers un filtre de peur et d’inquiétudes. Je m’arrêtais, et je m’arrête encore, mais moins souvent, par toutes ces peurs que j’avais en moi.
Ça m’a pris du temps avant de prendre conscience et de nommer ces peurs, même si j’utilisais souvent ce mot. « J’ai peur de...faire rire de moi, de me tromper, d’être malade, peur d’avoir peur, de srapper mes enfants, d’être jugé, d’être rejeté, etc. » Comme si admettre que j’avais beaucoup de peurs allait me rendre faible et brisé.
« Les personnes traumatisées ne vivent pas leur vie en pensant qu’ils sont anormalement peureux: ils pensent simplement que tout est terrifiant. »
« En d'autres termes, le traumatisme colore notre vision de la réalité, mais en même temps, nous empêche de remarquer à quel point nous regardons la vie à travers une lentille très déformée. »
C’est après avoir transformer ma vie et guérit beaucoup de blessures de mon enfance que je vois maintenant à quel point j’avais des lunettes sur le bout de mon nez qui me faisait voir la vie d’une façon négative. Le résultat le plus marquant est le jugement que j’avais envers mon corps. J’ai le même corps et pourtant je ne le juge plus autant qu’avant et je dirais même que je le vois plus positivement. Mes cuisses semblent moins grosses qu’avant et mes courbes belles et agréables. Quand je suis dans une salle d’essayage et qu’un vêtement n’est pas de la bonne grandeur, je demande une autre grandeur sans me sentir moche. Et quand un vêtement ne me va pas bien, la plupart du temps je ne pense pas que mon corps est le problème, mais plutôt que ce vêtement n’est pas pour moi. Ce n’est pas mon corps le problème, mais le vêtement. Pour vrai! Il n’y a pas de honte en dessous de cette attitude, juste de l’authenticité.
« Surmonter les traumatismes est le travail de plusieurs années - mais le début de la fin commence par une toute petite étape: se rendre compte que nous pourrions être réellement traumatisés et que le monde n'est peut-être pas l'endroit sombre, effrayant, écrasant et effroyable que nous avions toujours supposé qu’il était. »
Je suis vraiment d’accord. Prendre conscience de ces peurs en soi et du potentiel de traumatisme est le premier pas vers la guérison. J’ai essayé tellement de technique et d’outils sur mon chemin de transformation. J’aimerais bien retourner dans le passé et offrir à la jeune maman que j’étais mes meilleurs outils et les étapes à travers lesquelles elle va passer.
Même si ce n’est pas possible, j’ai quand même décidé de mettre sur papier ces étapes par lesquelles je suis passé pour devenir la mère bienveillante que je suis et les outils qui m’ont le plus aidé. Aider les mamans bienveillantes me fais du bien, ça continue de guérir quelque chose en moi en me permettant de faire une différence dans le monde. Si tu en veux une copie, inscris ton courriel ci-dessous pour en être avisé dès que c’est terminé et recevoir mon infolettre pour les parents bienveillants.
Julie xo
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