Est-ce vraiment pour leur bien quand on veut que notre enfant adopte un nouveau comportement?

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En tant que parent, ça nous arrive à tous de vouloir que nos enfants changent en adoptant un nouveau comportement. On a, selon nous et les croyances qu’on a acquises dans notre vie, de très bonnes raisons de vouloir ces comportements. C’est selon nous et la société, pour leur bien. Mais est-ce réellement pour leur bien ou le nôtre?

Chaque fois que j’ai besoin que mes enfants changent, un signal d’alarme sonne en moi. Un signal qui me permet de remettre en question mon besoin qu’ils changent.

À un certain moment de ma vie j’ai senti le besoin que mes fils effectuent certaines tâches comme ramasser leurs jouets et brosser leurs dents sans que j’aie à leur rappeler. J’avais même imprimé un tableau fait à l’ordinateur avec de belles petites icônes pour illustrer les différentes attentes que j’avais. C’était avant qu’ils sachent lire.

Après cet essai infructueux, j’ai réfléchi à la situation pour y découvrir mes attentes. Mon besoin que mes enfants changent. Ç’a été mon premier pas vers mon propre changement.

Malgré mon immaturité émotionnelle due à une enfance stressante en manque de connexion, de compassion et de réconfort, j’ai réussi à me mettre à la place de mes enfants pour voir cette situation à travers leurs yeux. On ne peut pas réellement savoir comment nos enfants vivent une situation, mais je me suis rappelé la perception que j’avais, enfant, dans une situation semblable. 

J’ai découvert la souffrance qui accompagne la pression qu’on ressent lorsqu’on sent qu’on n’est pas assez pour nos parents.

Le fait que j’avais investi du temps à créé ce foutu tableau, j’avais en moi la frustration de n’avoir pas réussi à susciter l’intérêt de mes enfants. Les mots « après tout ce que je fais pour vous » résonnait dans ma tête pour l’avoir trop souvent entendu accompagner d’une très grande culpabilité de faire souffrir ma mère.

Ce besoin que j’avais en tant que mère mettait de la pression dans la relation avec mes enfants. J’avais des attentes, j’avais investi du temps et j’avais l’espoir qu’ils relèvent le défi. 

Introspection

Comme ma mission est de faire en sorte que mes enfants se sentent aimés inconditionnellement, le fait de vouloir qu’ils acquièrent certains comportements exprime une condition à l’amour que je leur offre. Mon besoin que mes enfants changent laisse transparaître mon incapacité à les accepter comme ils sont et c’est ma responsabilité de découvrir ce qui se cache sous mon besoin et trouver comment y répondre sans exprimer à mes enfants qu’ils doivent changer.

Comme une archéologue, je dépoussière une couche à la fois en me posant des questions pour découvrir ce qu’il y a sous ce besoin.

Sous le besoin que mes enfants ramassent les jouets (que j’ai achetés en grande partie), j’ai découvert de la fatigue et de la frustration d’une maman qui ne prend pas soin d’elle, qui ne s’aime pas assez pour être douce dans ses pensées envers elle-même. Le fait de me juger constamment, de vivre de la culpabilité parce que je sens que j’en faisais jamais assez, mettait un stress énorme sur mon système. J’étais dure et exigeante envers moi-même et le stress que ça me faisait vivre ajoutait de la fatigue à mon esprit et dans mon corps.

J’avais aussi besoin qu’ils ramassent leurs jouets parce que je suis une personne sensible et mon environnement a un gros impact sur mon environnement mental. Quand c’est le bordel, je me sens mal. Je suis confuse et je manque de clarté mentale. Encore aujourd’hui je suis comme ça. 

Photo by Jonathan Borba on Unsplash

Mes solutions, mes expérimentations

Au lieu de faire porter le poids de mon besoin à mes enfants, je me suis demandé comment faire en sorte que ça soit plus facile pour nous les parents de ranger les jouets. Une petite partie de moi espérait que ça ferait en sorte que ça soit plus facile aussi pour mes enfants. En lisant quelque part que la façon dont on range les jouets des enfants, dans de gros bacs pêle-mêle, équivalait à mettre dans un même grand tiroir le contenu de la cuisine. J’ai compris que comme mes armoires de cuisine, les jouets avaient besoin d’un système de rangement qui fait du sens pour les enfants. Le but était que ça soit facile de ranger et facile de retrouver les jouets. 

À ce moment dans ma vie, j’ai essayé plusieurs trucs pour découvrir ce qui fonctionnait le mieux pour nous. Acheter des coffres de rangement pour les Lego et les Playmobil. Avec les enfants, choisir et donner les jouets qu’ils ne veulent plus. Ranger moi-même les joutes quand j’ai besoin d’un espace rangé pour mon bien-être mental. Demander leur collaboration pour ranger les jouets de façon respectueuse, sans obligation et sans attente de ma part. Mais surtout, j’ai pris la responsabilité de mon besoin.


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J’ai aussi découvert de la peur. J’avais peur que mes enfants, une peur très générale qui revient périodiquement, ne soit pas capable. Dans le cas du brossage de dent, c’était la peur qu’il ne soit pas capable de faire des choses par eux-mêmes sans que je leur rappelle de se brosser leurs dents une fois adultes.

Plusieurs questions se sont présentées à mon esprit. Est-ce possible qu’ils aient une hygiène dentaire qui favorise leur santé et leur portefeuille à l’âge adulte même s’ils ne l’ont pas en tant qu’enfant? Pourquoi est-ce qu’on croit qu’ils doivent adopter certaines habitudes jeunes au péril de ne pas être capable de le faire plus tard? Moi-même, j’ai acquis des habitudes que je n’avais pas enfant. Pourquoi est-ce qu’on leur met autant de pression?

J’ai découvert mon besoin de prouver que j’étais une bonne mère en ayant des enfants qui ramassent leurs jouets et qui se brossent les dents tout seul. La peur sous ce besoin est évidente maintenant, j’avais peur de n’être pas assez une bonne mère. Me sentir, pas assez quelque chose, me suit depuis l’enfance où à force de me faire pointer du doigt mes erreurs et les moments où mes parents étaient insatisfaits de moi, s’est ancré en moi la croyance que je ne suis pas assez.

Il n’était pas question que je fasse vivre des situations semblables à mes enfants qui auraient, comme ça l’a été pour moi, une diminution cruciale de leur estime de soi. Mes besoins avaient le potentiel de faire ressentir à mes enfants leur incompétence. Dans un quotidien où on est plus petit que les adultes et où on est en plein développement de nos compétences, ce qui implique que les enfants sont souvent confrontés dans leur quotidien à leur manque de compétence et ça a un impact sur leur vision de qui ils sont, je ne veux pas ajouter une situation où ils pourraient expérimenteraient la souffrance de ne pas répondre à mes besoins. Après tout, c’est moi qui ai la responsabilité de mes enfants, c’est mon rôle de répondre à leurs besoins et pas le contraire.

Mais ce n’est pas le pire. Le pire est l’impression de décevoir nos parents et le besoin inné de les satisfaire pour se sentir aimé. Ce genre de pression rend l’amour conditionnel à la réussite des exigences qu’ont nos parents. On ne se sent pas aimé, quand on a besoin de changer qui on est pour plaire à nos parents.


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J’ai choisi de respecter mes enfants en favorisant leur autonomie pour répondre de plus en plus à leur propre besoin. Quand ils s’engagent de cette façon, venant de l’intérieur, ils sont pleins de confiance et ils construisent positivement leurs habiletés à répondre à leurs besoins. Quand c’est moi qui impose mes besoins, ils s’engagent de façon artificielle tout en favorisant une déconnexion avec moi. La déconnexion fragilise leur estime de soi parce qu’ils ne se sentent pas aimables. À travers une connexion sécure, on se sent aimé et on se sent important.

Julie xo

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