La bienveillance, c'est quoi?
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Quand je fouille dans mes journaux, le mot “bienveillance” revient régulièrement. Pourtant j’ai l’impression d’avoir commencé à l’utiliser seulement les dernières années. Comme si mon inconscient savait avant moi que ce mot serait celui qui définit le mieux les relations que j’ai avec mes garçons. J’adore ces petits indices laissés ici et là rendant mon expérience humaine mystérieuse et précieuse.
En lisant sur Internet l’explication de ce qu’est la bienveillance avec les enfants, je me suis rendu compte que ce n’est pas nécessairement la mienne. À sa plus simple expression, la bienveillance est, essentiellement, avoir le bien de l’autre à coeur. Selon moi, ça a besoin de plus d’explications, parce qu’on peut avoir le bien de notre enfant à cœur et le faire souffrir au passage.
« C’est pour ton bien! » sont des mots qui hantent encore mon esprit. En tant qu’enfant, ces mots m’ont fait vivre de la colère, de la frustration et de la tristesse. Ce sont ces mots qui indiquaient que mes parents pensaient savoir mieux que moi ce qui est bon pour moi. Toutes les fibres de mon corps se révoltaient, je n’étais pas d’accord. La preuve, je souffrais de leur décision. Comment quelque chose qui est pour mon bien me fait souffrir? Malgré les émotions exprimées et les explications communiquées, mon opinion ne les faisaient pas changés d’avis. La conclusion que je tirais de ces moments de grande déconnexion dans la relation avec mes parents était que mes mots et mes émotions n’avaient pas de valeur pour eux et donc ma conclusion, je n’avais pas de valeur tout court.
La bienveillance n’est pas faire souffrir notre enfant pour son bien.
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La souffrance que vivent les enfants quand on choisit pour eux ne favorise pas la sécurité émotionnelle. Cette souffrance que le parent nous fait vivre nous déconnecté de la relation. Ce qu’ils nous communiquent quand ils disent: « tu es méchante! Je t’aime plus! ». Cette déconnexion est insécurisante et favorise l’érosion de l’estime de moi.
La bienveillance
La bienveillance, pour moi, c’est choisir d’aimer inconditionnellement mes enfants en leur offrant le droit d’être qui ils sont. En les accueillant sans jugement. J’utilise l’empathie pour me mettre à la place de mon enfant et accéder à la compassion. La compassion est le mot qui exprime la bienveillance en action. À travers la compassion, c’est mon coeur qui parle, c’est mon coeur qui connecte avec mon enfant. Il se sent vu, il se sent compris et il se sent aimé.
Voir mon enfant
Connecter avec mon coeur à travers la compassion, m’offre la possibilité de voir mon enfant à travers l’amour que j’ai pour lui plutôt qu’à travers mon conditionnement, mes peurs et mes fausses croyances. Quand il a un comportement qui me dérange, connecter avec mon coeur et ressentir l’amour que j’ai pour lui, fait en sorte que je choisis la relation plutôt que de lui imposer ou lui demander de changer son comportement pour me faire plaisir.
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Son chemin
La compassion m’amène à accompagner respectueusement mon enfant sur son chemin et non celui que j’aimerais qu’il emprunte. Quand il rencontre un problème qui lui fait vivre des émotions désagréables, connecter avec mon coeur me permet de lui offrir mon soutien dans la recherche de solutions qui résonne pour lui.
Contrôle
La bienveillance n’est pas présente lorsqu’on utilise des moyens de contrôle comme les punitions, les menaces et le blâme. Ces moyens de contrôle expriment le besoin du parent et non celui de l’enfant. Pour être une mère bienveillante, je prends la responsabilité des peurs qui font surface en moi lorsque je sens ce besoin de contrôler mon enfant. Ces ombres en nous qui cachent nos propres blessures émotionnelles. Je choisis de ne faire pas porter le poids de mon besoin de sécurité émotionnelle à mes enfants en leur imposant de changer pour faire taire mes peurs.
Leur bien dans le moment présent
Dans une situation où je crois savoir ce qui est mieux pour mes enfants, je me pose toujours la question suivante: est-ce vraiment pour leur bien ou le mien? J’ai remarqué que lorsque je suis fatigué, irritable et que j’en ai plein les bras, j’ai tendance à vouloir régler les « problèmes » rapidement. Ce qui n’est pas un problème quand je me sens top shape, comme les demandes et les besoins de mes enfants, l’est soudainement quand je vis une journée plus difficile. Je suis alors moins patiente et moins prône à remettre en question mon besoin de passer rapidement à autre chose. Vouloir régler le problème rapidement semble offrir la promesse de libérer la tension que je ressens.
Dans ces situations, je ne suis pas connecté avec mon coeur et avec mon entant. Seul mon besoin compte. Je n’ai pas de bienveillance pour mes enfants, mais je n’en ai pas non plus pour moi. Être bienveillante envers moi-même me permet de choisir des moyens de remédier à ma fatigue. Ce qui a pour effet de m’offrir la possibilité de connecter avec mon enfant à travers mon cœur plutôt qu’à travers mon stress.
Leur bien dans le futur
Sous ce besoin de les protéger de la souffrance qu’ils pourraient vivre dans des situations futures où ils rencontrent un obstacle, un problème ou vivent une situation difficile, il y a nos propres peurs et notre propre souffrance.
Pourquoi est-ce que la souffrance qu’ils vivent dans le présent est moins importante que la souffrance qu’ils pourraient vivre dans le futur? Être la source de la souffrance de notre enfant est ce qui le prépare pour un futur de souffrance. Un futur où c’est normal pour lui de souffrir dans ses relations intimes parce que c’est ce qui a connu toute son enfance et son adolescence dans les relations les plus déterminantes au niveau affectif, avec ses parents.
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Comment?
Je ne tiens pas pour acquis que je sais ce qui est pour leur bien. Je vais chercher cette information en leur posant des questions, en écoutant ce qu’ils voient comme étant bon pour eux. La collaboration, la discussion et l’écoute avec compassion sont ce qui présent dans une relation bienveillante.
Être bienveillant n’est pas facile tous les jours. La relation avec mes enfants ravive souvent des inconforts et dans ces moments il me semble que ça serait plus simple que mes enfants fassent ce que je veux.
Quand je choisis la bienveillance, je vois mon besoin qu’ils changent pour leur bien et les peurs qui motivent ce besoin. Ces peurs m’appartiennent et j’en prends la responsabilité en les examinant pour les remettre en question. M’en libérer permet de favoriser le bienêtre de mes enfants en leur offrant une relation bienveillante. M’en libérer me permet de voir ma vie d’une façon plus positive.
La bienveillance s’est entrée en relation avec soi et avec les autres à travers la connexion de notre coeur. C’est écouter son coeur plutôt que ses peurs et ses blessures.
C’est une possibilité de connecter avec mon enfant en favorisant une relation sécurisante qui lui permet de s’épanouir avec moins de limites provenant de blessures émotionnelles.
La bienveillance c’est arrêter le cercle vicieux de la violence émotionnelle.
C’est important pour moi de ne pas faire souffrir mon enfant dans notre relation. Je crois que c’est vital que notre relation soit une source de sécurité émotionnelle et ce n’est pas possible lorsque la personne qui est censée nous aimer nous fait souffrir.
Julie xo
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