Autonomie forcée ou soutenue par les parents

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Quand j’étais ado, au retour de l’école, je devais commencer à préparer le souper. Éplucher des patates, les faire cuire, faire un macaroni à la viande, etc. Ce n’était pas mon choix, on ne m’avait pas demandé ma collaboration, on me l’avait imposé. Je trouvais une note sur le comptoir écrite par ma mère. En tant qu’adulte et mère, je comprends à quel point c’est aidant. Le fait que ce n’était pas une demande bienveillante avec la possibilité que je refuse à l’occasion ou que je choisis ce que j’ai envie de cuisiner ne me permettait pas de choisir d’aider à ma manière. 

Je n’appréciais pas ces moments parce que j’avais besoin de relaxer après une journée d’école stressante pour une ado sensible. Je le faisais quand même, après tout moi aussi je voulais manger au souper et j’étais consciente des répercussions possibles à mon refus de préparer le souper.

Sur Instagram, en jasant avec la maman d’une adolescente en apprentissages libres avec bienveillance, je réalise à quel point mon expérience de faire de la bouffe à l’adolescence est un exemple concret des résultats quand on force les choses. Quand c’est imposé, je ressens une énergie lourde et désagréable. Quand c’est choisi, l’énergie est légère et joyeuse!

Choisir

Une des premières recettes que j’ai faite était des biscuits à l’avoine. À la place de mettre 1/2 c à thé de soda, j’ai mis 1/2 tasse! Je me rappelle le gout salé de cette première bouchée, c’était intense! Malgré ce résultat décevant, j’ai adoré mon expérience parce que j’avais envie de cuisiner et que c’était mon idée à moi! J’avais choisi le moment de cuisiner et j’avais choisi la recette selon mon envie du moment.

Une expérience complètement différente de celle d’être obligé de préparer le repas.

En observant mes garçons, j’ai pu observer des résultats différents, que ça soit au niveau de préparer de la nourriture ou autre tâche. Un moment important et révélateur, quand ils ont choisi d’aller à l’école à 15 ans et 16 ans. Choisir c’est sentir qu’on a du contrôle dans une situation et ça donne comme résultat qu’on est engagé dans ce qu’on a choisi de faire. 

Demander la collaboration et permettre le choix 

J’aurais bien aimé qu’on me demande ma collaboration pour préparer le souper et c’est aussi ce que je fais avec mes garçons. En fait, j’ai imaginé ce que j’aurais aimé vivre dans cette situation et c’est ce que j’ai proposé à mes garçons.

Quand vient le temps de planifier les repas, souvent je leur demande ce qu’ils ont envie de manger et je leur partage ce que j’ai envie de préparer. Avec les intolérances et les préférences, on s’est bâti une liste de repas qu’on aime manger et qu’on aime préparer.

On a tous sur nos téléphones intelligents une application pour la liste d’épicerie. Chaque semaine les garçons ajoutent ce qu’ils ont envie de manger en collation, de la tartinade de tofu pour Léo et des pretzels pour Benjamin. J’apprécie leur collaboration et surtout, pour moi ça va de soi qu’ils ont ce pouvoir de choisir ce qu’ils ont envie de manger. On favorise une relation respectueuse de collaboration comme on le fait entre conjoints. 

J’ai offert une relation de collaboration à mes enfants pour leur permettre d’avoir du pouvoir sur leur vie et favoriser leur sécurité émotionnelle.

S’épanouir

Le fait de choisir pour soi à la place qu’on choisisse pour nous, fait en sorte que j’ai vu mes enfants s’épanouir en tentant des expériences diverses. Les premières expériences culinaires de mes garçons consistaient à mélanger des ingrédients qu’ils choisissaient en espérant que ça donne quelque chose de bon. Quelque chose de l’ordre de: cacao, eau, farine, confettis et sucre. Mes croyances sur le gaspillage ont eu la vie dure, mais j’en suis venu à bout en voyant tout le plaisir qu’ils éprouvaient à expérimenter de façon autonome. Ils apprenaient à cuisiner en faisant grandir leur confiance en soi.

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Quand on veut que nos enfants devinent des adultes autonomes, on doit leur donner la liberté d’exprimer cette autonomie tout au long de leur vie au moment où ils choisissent d’être autonomes. M’obliger à être autonome en préparant le souper, a fait en sorte que j’ai associée un dégout avec la préparation des repas et une cassure dans la relation avec mes parents. Résultat: oui je suis capable, mais je n’aime pas ça (surtout depuis que je ne mange plus mes émotions). Ce que je souhaite pour mes garçons: oui je suis capable et quand j’en ai envie, j’aime ça!

Ces expériences d’autonomie sont majeures parce qu’ils nous reflètent les différents degrés de plaisir qu’on ressent en faisant une expérience. Benjamin cuisine moins souvent que Léo qui aime bien manger des œufs pour déjeuner. Benjamin aime beaucoup cuisiner un pouding au chocolat, une recette de ma mère et Léo, avant d’éliminer le gluten, faisait sa pâte à pizza chaque vendredi soir.

Ils cuisinent dans le plaisir et surtout ils n’ont pas de connotation négative en lien avec la préparation de la nourriture. Ils ont plutôt gagné en autonomie et en confiance en soi. Même si mes biscuits étaient salés, il y avait de l’amour dans ces biscuits à l’avoine et ça fait toute la différence!

Julie xo

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