Mes gros bras
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La semaine passée j’ai réalisé à quel point la perception que j’ai de mon corps a changé. Plus particulièrement le haut de mes bras. J’avais envie de partager cette réalisation et j’ai publié la photo suivante sur les réseaux sociaux.
Je portais ma nouvelle robe préférée, une robe longueur midi avec de fines bretelles arborant un imprimé vif de feuillage et de bananes. La première fois où j’ai enfilé cette robe, j’ai tout de suite su que j’allais vivre avec elle une histoire d’amour. Le coton de son étoffe est souple et dense, presque pesant dans mes mains. Un coton que je qualifierais de chaleureux. Cette robe tombe à merveille en se déposant délicatement sur les formes de mon corps. Elle me rend heureuse.
Il y a quelques années, je n’aurais probablement pas osé acheter et porter cette robe. Les couleurs vibrantes de l’imprimé attirent définitivement le regard et j’aurais eu peur que les gens pensent « Pour qui est-ce qu’elle se prend elle? ». J’avais peur de croire en moi parce que dans mon enfance on m’a fait des remarques désobligeantes et j’ai compris dans ces moments que je ne devais pas sortir du lot. L’émotion de honte qui accompagne cette croyance a longtemps été assez pour m’empêche d’exprimer mon coeur à travers mes tenues.
Plus que les couleurs saturées de cette robe, c’est la grosseur du haut de mes bras qui m’empêchait de porter certains vêtements. J’angoissais devant la possibilité que quelqu’un pose son regard sur mes bras. Peu importe la raison, j’aurais ressenti de la honte.
J’ai longtemps caché mes bras parce que je croyais que cette partie de mon corps était dégeux. La preuve, on ne voyais pas de gros bras et de femme dodus de façon positive dans les médias jusqu’à tout récemment avec le mouvement #bodypositivemovement et #allbodiesaregoodbodies
Je pense que les gens ne sont pas habitués de voir des gros bras, moi la première et qu’on s’y attarde comme on le fait devant la nouveauté. Ne sachant trop comment réagir parce qu’on ne comprend pas que le dégout qui s’exprime en nous est simplement le reflet de nos propres peurs en lien avec notre corps. Le besoin d’être dans la norme est très fort lorsqu’on a fréquenté le milieu scolaire avec ses moyens subtils pour nous faire comprendre que de sortir du cadre est périlleux.
Je cachais mes bras avec des manches courtes l’été et les rares fois que j’ai porté des camisoles, j’étais hyperconsciente de mes bras et ça me faisait vivre de l’anxiété.
Les dernières années, avec le EFT, j’ai senti un assouplissement de certaines de mes croyances en lien avec mon corps. J’ai commencé à faire la paix avec mon corps et à le détester un peu moins.
Puis, toutes ces femmes, jeunes et moins jeunes, qui exposent leur corps sur les réseaux sociaux avec confiance m’ont fait réaliser que peu importe ses formes, j’ai le droit d’aimer mon corps. Après des années de guerre entre moi et mon corps, cette façon de voir le corps humain est venue rafraichir et alléger ma relation avec mon corps.
Je suis loin d’aimer inconditionnellement mon corps comme il est, mais je me sens plus aligné avec mon intention de choisir l’amour et la confiance plutôt que la peur et la haine.
Depuis la première fois où j’ai senti que mon corps n’était pas correct, vers l’âge de 10 ans, à aujourd’hui, j’ai cheminé assez pour porter fièrement cette robe avec joie. Je semble ne plus voir de regards désapprobateurs. Peut-être est-ce le plaisir que me procure cette robe qui rayonne et créer un halo de bienveillance autour de moi plutôt que la peur d’être jugé qui était présente en moi avant et qui m’attirait ce que j’émettais, du dégout.
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Je vous demande pardon, mes bras, de vous avoir détesté assez pour vous cacher. J’ai eu honte de vous et maintenant je sais que ce n’est pas de votre faute. Je suis désolé, je vais vous laisser vivre en paix pendant que je vais faire la paix avec une autre partie de mon corps. Je suis reconnaissante de votre présence et de tout ce que vous faites pour moi, merci.
Julie xo
J’en ai essayé des affaires dans ma vie pour me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête. Parfois il y a des trucs que j’aurais dû lâcher plus tôt, parce que dans le fond ça ne fonctionnait pas, mais je ne le savais pas! Comment fait-on pour savoir que la nouvelle chose qu’on essaie, la nouvelle chose qu’on a lue fonctionne pour nous? Est-ce qu’on se sent vraiment mieux ou c’est temporaire?