Je suis [encore] contrôlante

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Mon manque de sécurité intérieur fait en sorte que j’ai besoin de contrôler mon environnement et les gens autour de moi pour me permettre de diminuer l’insécurité.

Peut-être que pour certaines personnes ça ne fait aucun sens ce que je viens d’écrire et je suis sincèrement contente pour vous.

Jugement ou compassion

Je suis aussi conscience à quel point on juge négativement les personnes contrôlantes. J’aimerais bien qu’on se demande plutôt pourquoi cette personne a tant besoin de contrôler les gens et les circonstances de sa vie quotidienne. Ouvrir notre cœur avec compassion plutôt que de le fermer avec du jugement.

Je suis toujours curieuse de comprendre qu’est-ce qui fait en sorte qu’une personne est comme elle est. Quelles croyances cette personne possède-t-elle qui dirige ses comportements et sa vie? Quelles blessures porte-t-elle qui affecte son estime de soi?

Pour moi le lien entre ce qu’on a vécu et surtout comment on a perçu les évènements de notre vie forme la personne qu’on est. Comprendre la personne devant moi me permet de vivre de la compassion plutôt que du jugement.

Des fois, j’aimerais bien qu’il y ait plus de gens qui juge moins et qui essaie de comprendre au lieu de condamner et papoter. Donc, c’est ce que je choisis de faire le plus possible.

Juger est aussi le reflet de notre insécurité.

J’ai compris que contrôler les gens et les circonstances m’apporte du calme et me rassure. Quand je contrôle, je sais à quoi m’attendre. Quand je pense à une situation où je n’ai aucun contrôle, je sens la possibilité d’un danger. C’est plus fort que moi, c’est viscéral. Probablement dû à un traumatisme ou de petits traumatismes répétitifs dans mon enfance où je me suis senti émotionnellement en danger.

Même si on comprend les raisons derrière le besoin de contrôle, on a le choix de l’intensité de notre implication dans une relation avec une personne contrôlante. Quand la personne est consciente de ce besoin et des effets sur la relation, elle a la possibilité de choisir la relation en travaillant sur son mécanisme de protection. Ce que je choisis.

C’est possible de retrouver assez de sécurité intérieure pour modifier nos comportements contrôlants. C’est ce que j’ai fait. Je dirais même que c’est un effet secondaire de tout le travail que j’ai fait pour guérir les blessures de mon enfance.

Jeune mère 

Je n’ai pas à plonger bien loin pour me souvenir de ces années en tant que jeune adulte, nouvelle mère où le niveau de stress dans ma vie venait subitement de monter en flèche. C’est encore très clair en moi et je dirais même qu’avec le recul je suis capable, heureusement, d’avoir de l’empathie pour la jeune mère contrôlante que j’étais. 

Avec les enfants viennent de grandes responsabilités, un peu plus que la capacité que j’avais à les gérer émotionnellement parce que mon passé m’avait handicapé émotionnellement.

Le manque de sécurité intérieure me faisait vivre un stress chronique, une anxiété légère à modérer en tout temps. Il m’a fallu des années avant de comprendre que tout ça était directement relié à ma croyance que je n’étais pas aimable. Dans mon enfance, j’ai compris avec les punitions et les reproches que je n’étais pas aimable et j’ai encore en moi des traces de cette croyance et des croyances qui se sont agglutinées à cette première. Croire qu’on n’est pas aimable est très insécurisant.

C’était plus fort que moi, je devais décider. C’était aussi en partie à cause de ma mission, celle d’offrir à mes enfants l’amour inconditionnel leur permettant de devenir des adultes ayant une sécurité intérieure solide. Celle même qui me manquait. 

Je voyais les premiers pas de ma mission, faire en sorte que mes enfants, même s’ils vivent des choses difficiles hors de mon contrôle, aient le moins possible de blessures émotionnelles.

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Cette mission me poussait à offrir une relation sécurisante, entre autres, à réconforter mes enfants lorsqu’ils pleuraient. En fait, ils n’avaient pas besoin de se rendre aux pleurs, je leur offrais du réconfort quand ils exhibaient des comportements exprimant ce besoin.

Ne pas laisser pleurer un enfant seul est encore aujourd’hui perçu par certain comme cédé aux caprices des enfants. Je ne sais pas trop pourquoi, ça été facile de balayer la main ce genre de préjugés vides de compassion pour choisir mes enfants et la relation.

« Je n’avais pas la capacité d’être dans la compassion avec mon chum pour faire des compromis. »

Ma mission faisait en sorte que je contrôlais mon chum pour éviter qu’il fasse vivre à nos enfants ses croyances limitantes en exprimant des préjugés qui blessent et coupe la connexion avec l’enfant. Je protégeais les enfants de mes propres croyances et de celles de mon chum. Ce qui n’était pas rose tous les jours. C’était plus fort que moi, c’était la seule chose importante au monde. Malheureusement, ça coupait la connexion avec mon amoureux.

J’avais donc besoin de gérer pas mal tout ce qui avait un lien avec les enfants et comme j’étais maman à temps plein, c’était pas mal 24h sur 24. 

De temps en temps je n’avais pas le choix de me reposer sur mon chum. Cet état de vigilance en plus de ma glande thyroïde et mes surrénales en manque de vitalité me laissait vide d’énergie et parfois vide de joie de vivre.

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Assouplissement du contrôle

Très vite, on a essayé de diviser le mieux qu’on pouvait les tâches ménagères. Mais je manquais de souplesse et faisais preuve de contrôle. Il ne faisait pas les tâches comme moi et je lui faisais remarquer. C’était, selon ma perception "pas faite comme il faut". J’étais tout à coup la seule au monde à savoir comment et quand faire la vaisselle. Même si je n’avais pas l’énergie de la faire. 

J’en ris maintenant, alors que je vois à quel point je manquais de souplesse dans mes pensées. Le contrôle extérieur était le reflet de mon sentiment de "overwhelmed". Trop de choses à gérer avec trop peu d’énergie et de sécurité intérieure. Je n’avais pas la capacité d’être dans la compassion avec mon chum pour faire des compromis.

De décider pour les autres, au lieu de planifier ensemble place les autres dans une position d'infériorité en leur enlevant leur pouvoir. Cette même position qui est la source de plusieurs de mes blessures. Ce n’est pas ce que je veux pour ceux que j’aime.

Avec les années et tout le cheminement personnel, je suis plus capable de faire des compromis. C’est mon chum qui est responsable de faire la vaisselle et il la fait comment et quand il en a envie. Je suis capable de vivre avec les deux bouteilles encore sales de la veille qui attendent sur le comptoir d’être lavées. Je suis capable de vivre avec la poussière de deux semaines qui recouvrent le meuble de télévision.

Être plus souple envers Patrick m’a permis de l’être aussi envers moi-même et si je n’ai pas envie de faire une tâche, je suis maintenant capable de la repousser sans me sentir coupable. Patrick ne m’a jamais fait de reproches, mais c’était mes croyances qui faisaient en sorte que j’étais exigeante envers moi-même. Ce qui me faisait vivre encore plus de stress.

J’essaie de prendre la responsabilité de mes besoins. Si ce n’est pas à mon goût, je dois choisir. J’accepte la situation ou je prends un linge et j’enlève la poussière. Sans faire de reproches à mon chum. Pas toujours facile, surtout dans les périodes stressantes.
Ça peut aussi vouloir dire qu’il est temps de revoir la répartition des tâches ou de jaser pour apprendre que mon chum se sent dans le jus ces temps-ci. D’établir une connexion de compassion à la place des reproches et du jugement.

C’est ce vers quoi je tends de plus en plus. Pas seulement envers mon chum, mais aussi envers moi-même. Ç’a toujours été assez facile de ne pas être dans le jugement avec les enfants, mais c’est un défi quand il est question de Patrick et de moi-même.

Même si j’essaie d’offrir à mon chum cette compassion qui me vient naturellement avec les enfants, je n’y arrive pas tout le temps. Et les petits irritants du quotidien prennent parfois le dessus et me transforment en Germaine. J’essaie de me rappeler, dans cette énergie de contrôle, d’aller connecter en moi parce qu’à tout coup j’y trouve un niveau plus élevé de stress et d’inquiétudes, voir de l’angoisse par moment.

Ma solution est de choisir consciemment de m’offrir de la douceur, de la compassion à moi en premier. Je ralentis, je choisis d’infuser mon moment présent avec des choses que je sais vont me faire du bien, comme me bercer. Ce qui a pour effet de diminuer drastiquement mon niveau de stress ressenti et ainsi me permettre plus de bienveillance envers mon chum, moi-même et la situation.

Julie xo

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