Guérir pour nos enfants: observer nos croyances
L’être humain n’est pas simple, il y a en chacun de nous un réseau très complexe de croyances qui s’appuient les unes sur les autres. Ces croyances sont comme des lunettes, elles filtrent notre vision du monde extérieur. Ce filtre nous prédispose à percevoir notre vie et nos enfants d’une façon plutôt qu’une autre. La plupart du temps on ne se rend même pas compte qu’on porte des lunettes.
La première étape de guérir pour mes enfants, a été de devenir l’observatrice de ces croyances présentes en moi.
Je porte des lunettes
Benjamin et Léo devaient avoir environ 12 ans et 10 ans quand ils prenaient des cours de dessin avec le groupe de soutien de Québec. Benjamin encore plus que Léo me disait chaque midi qu’on se préparait pour aller au cours, à quel point il n’avait pas envie d’y aller.
Ça m’a pris un certain moment à me rendre compte que je portais des lunettes même si je les sentais pendouiller sur le bout de mon nez. Mon fils exprimait son besoin, mais il y avait quelque chose en moi qui voulait l’obliger à continuer d’y aller.
La vraie vie ensemble
Quand on vit ensemble, on fait des compromis et on prend des ententes pour s’assurer que les besoins de tous sont respectés. Dans cette situation en particulier, il y avait beaucoup d’éléments qui entraient en ligne de compte. Il y avait les besoins de Benjamin, ceux de Léo et les miens.
Avant d’inscrire les garçons à des activités, je les consultais. On est une famille démocratique et je considère qu’il est irrespectueux de prendre des engagements pour quelqu’un d’autre. Au départ, les garçons m’avaient donné leurs accords pour les cours de dessin.
Les besoins & les croyances
Quand j’ai été prête à examiner mes lunettes, j’ai pris conscience, un à un, de mes besoins et de mes croyances.
La première croyance qui me jouait des tours était celle qui dit que lorsqu’on s’engage on va au fond des choses. Même s’il y a une certaine aura de virtuosité, ma vision de se forcer à faire quelque chose qu’on n’apprécie pas a grandement changé avec le temps. S’engager dans une activité et s’obliger à continuer parce qu’on a pris un engagement avec soi-même, c’est se faire violence. Ça démontre à quel point notre estime de soi est déficiente. C’est une forme de pensée qui manque de flexibilité et qui peut mener vers un manque de résilience.
Chaque semaine pendant le cours des enfants, moi et mes amies, on allait boire un café en jasant. Ce que j’adorais! Dans mes lunettes il y avait mon besoin de socialiser.
Ma principale croyance était qu’une bonne mère ayant la responsabilité des apprentissages de ses enfants, les inscrit à des cours pour qu’ils se développent. Cette croyance s’appuient sur deux croyances.
Derrière le besoin d’être une bonne mère, il y a le manque d’estime de soi. Je cherchais à être plus quelque chose que je percevais ne pas être assez. Selon une échelle de valeur qui semblait toujours hors de ma portée. Ma croyance était que je ne suis pas assez.
J’ai acquis la croyance que « pour se développer les enfants doivent faire des cours » à l’école plus que partout ailleurs. À l’école j’ai été témoin d’une seule façon de voir les apprentissages. Je n’ai compris que plus tard, en faisant des recherches, comment les enfants font des apprentissages durables et respectueux de leur développement.
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Le calme après la tempête
Un grand calme m’a envahie après avoir faire l’inventaire de mes croyances et de mes besoins. C’est à ce moment que j’ai pu prendre (à nouveau) la décision de ne pas imposer mes croyances et mes besoins à mes fils. Je ne trouve pas sain d’imposer à mes enfants mes croyances parce que ça a comme effet de restreindre leur liberté de penser. Ce n’est pas pour rien qu’on qualifie les croyances de limitantes, elles sont véritablement des blocages sur notre chemin vers la réalisation de soi.
Concernant mon besoin de socialiser, je savais que je pouvais combler ce besoin à d’autres moments.
Cette décision m’a offert un calme intérieur, une clarté dans mon brouillard. Mon prochain « move » était d’aller voir les enfants et de réellement les écouter. Allez leur poser des questions pour bien cerner leurs besoins. Quand les enfants sont jeunes, ils ne voient pas toujours clairement leurs besoins. Je ne m’attends pas à ce que mes enfants aient cette clarté mentale qui est encore déficiente chez moi parfois même si je suis une adulte. En posant des questions, comme un détective, on met en lumière ce qu’on ne voyait pas auparavant. Après avoir jasé avec Benjamin et Léo, il était clair qu’un engagement de 10 semaines c’était trop pour eux.
De par sa nature empathique, Léo a besoin que tout le monde soit heureux. Comme moi quand j’étais petite, il est prêt à beaucoup de choses pour voir ses parents heureux et il ne communique pas toujours ses besoins. Je dois créer un espace sécurisant en lui disant, entre autre, que je l’écoute sans le juger et que je désire plus que tout qu’il soit heureux et qu’il se sente aimé.
Les compromis pour répondre aux besoins
Après les avoir écouté et avoir jasé ensemble je leur ai fait une proposition. Comme il ne restait plus beaucoup de cours, on pourrait en sauter quelques-uns et quand même finir la session. Les garçons étaient assez vieux pour faire des compromis et ils ont accepté d’essayer en sachant qu’on allait revisiter l’entente après quelques semaines. Une autre partie de l’entente a été qu’ils n’allaient plus s’inscrire à une session complète de cours. On a conclu qu’un engagement de quelques semaines pourrait leur plaire d’avantage. Parce qu’on l’a essayé plus tard, on s’est rendu compte que c’était vraiment une formule qui respectait plus leurs besoins.
J’ai compris que les garçons préféraient voir leurs amis en-dehors d’un contexte rigide. On a organisé plus régulièrement des moments où ils avaient la liberté de jouer ensemble.
J’ai aussi compris que Benjamin n’aimait pas les cours parce qu’il sentait que ce n’était pas la vraie vie. C’était du pré-mâché qui lui enlevait la curiosité nécessaire aux vraies apprentissages. On a favorisé les cours « expériences » plutôt que des cours magistraux.
Avec le recul, je vois combien c’est important de prendre le temps nécessaire pour découvrir quels sont mes besoins et mes croyances qui entrent en jeu dans une situation en particulier. Je dirais aussi que d’avoir une intention de douceur envers moi au moment où je réalise que mes lunettes sont dans le chemin de l’épanouissement de mes enfants, rend le chemin moins stressant pour moi et mes enfants.
Julie xo
J’en ai essayé des affaires dans ma vie pour me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête. Parfois il y a des trucs que j’aurais dû lâcher plus tôt, parce que dans le fond ça ne fonctionnait pas, mais je ne le savais pas! Comment fait-on pour savoir que la nouvelle chose qu’on essaie, la nouvelle chose qu’on a lue fonctionne pour nous? Est-ce qu’on se sent vraiment mieux ou c’est temporaire?