Unschooling: nos vrais motivations - l’autorité
Cet article est le deuxième de la série sur les vraies raisons pourquoi on a choisi le unschooling.
Autorité avant l’âge scolaire
Avant l’école-maison et le choix de vivre le unschooling, j’avais déjà fait un bout de chemin pour offrir à mes enfants un attachement affectif sécure. Je voulais qu’ils se sentent aimé et aimable pour favoriser leur estime de soi et la réalisation de leur plein potentiel. Je voulais éviter les blessures associées à la violence émotionnelle; elles nous empêche de réaliser notre plein potentiel en nous gardant dans un état de manque de sécurité. L’abus de pouvoir que permet l’autorité est un source de violence émotionnelle pour les enfants avec ses outils: les punitions, les menaces et la manipulation. Le résultat, entre autre, une faible estime de soi et de l’anxiété.
Mes premiers pas de mère était dans la bienveillance. Je répondais aux besoins de Benjamin et jamais je ne l’ai laissé pleurer sans le réconforter. J’étais à l’écoute et je ne forçais rien.
Quand il a vieillit, je sentais par moment le besoin d’utiliser l’autorité. Surtout pour arrêter des comportements (ex: quand il ne voulait pas s’habiller pour aller dehors l’hiver) qui me dérangeaient ou favoriser des comportements désirables (ex: l’apprentissage de la politesse, manger ses légumes).
Sans être du niveau de l’autorité que j’ai vécu, il reste que la partie de moi voulant ce qu’il y a de mieux pour mon enfant avait perdu ses repères. Je me fiais moins à mon ressenti et aux signaux de Benjamin. Il se créait une déconnexion dans la relation. Je me plaçais dans une position où je croyais savoir mieux ce qui était bon pour lui.
Éventuellement, j’ai commencé à utiliser une méthode pour le contrôler. Je comptais jusqu’à trois et s’il n’avait pas arrêter le comportement, je lui demandait d’aller s’asseoir dans les marches. Ça et les conséquences naturelles (des punitions déguisées). Maudit que je m’en veut d’avoir fait ça et en même temps je comprends que je n’étais pas capable de faire autrement. Ayant vécu mon lot de violence émotionnelle, je n’avais pas la maturité émotionnelle nécessaire, pour me fier à mon intuition et mon coeur plutôt qu’à mes peurs. Ça a été une période d’apprentissage pour moi. Parce qu’à chaque utilisation de l’autorité, mon coeur se tordait et me criait d’arrêter. Même si c’était moins pire que les punitions que j’avais vécu dans mon enfance, c’était quand même des punitions et j’avais des belles excuses bull-shit pour me déculpabiliser.
Ce n’est pas sans difficultés que c’est fait le passage de l’autorité à la bienveillance. Les démons de mon passé me rendant souvent la tâche ardue en me plongeant dans les automatismes de l’autorité. J’essayais de me contrôler et quand je n’y arrivais pas et que j’utilisais l’autorité, je m’excusait pour rétablir la connexion avec Benjamin.
Éventuellement, j’ai réussi à prendre une petite pause entre le réflexe des peurs me faisant utiliser l’autorité et ma réaction à ses comportements. Assez pour avoir le temps de choisir la bienveillance.
Avant l’âge scolaire, je ne cherchais pas à utiliser l’autorité dans les apprentissages. J’avais confiance qu’ils sauraient apprendre à marcher et à parler, mais je sentais tout de même en moi le besoin d’offrir les bons jouets et les bonnes expériences pour stimuler le développement. Sous ce besoin d’être une bonne mère, était cachée ma peur d’être une mauvaise mère. Mes blessures me menaient par le bout du nez même si je n’utilisait pas l’autorité pour contrôler mes enfants.
Autorité à l’âge solaire
Du jour au lendemain, en choisissant de faire l’école-maison (je ne connaissais pas l’existence du unschooling), je me suis transformée en professeur. Je voulais offrir à Benjamin quelque chose de plus adapté à ses besoins que le milieu scolaire. La pression était grande et malheureusement je croyais que la seule façon d’apprendre les matières scolaires était dans les cahiers.
Était présente en moi la croyance qu’on devait forcer les enfants à les apprendre parce que personne ne voudrait apprendre le français sans être forcé, right?. J’avais un doute. Est-ce que je saurais lire et écrire si je n’étais pas allé à l’école? J’ai maintenant ma réponse avec Léo qui a 17 ans et qui lit et écrit très bien sans avoir été forcé. Il a démontré l’envie de lire vers l’âge de 9 ans.
Une partie de moi savait que d’essayer de manipuler Benjamin en utilisant l’autorité pour qu’il fasse des cahiers nuisait à la construction saine de l’image de soi. Je le sentais en moi, ça lui envoyait le message qu’il n’était pas acceptable, pas aimable comme il est. Que pour obtenir mon approbation et mon amour, il devait faire des cahiers de mathématiques et de français. Ce n’était vraiment pas aligné avec mes intentions bienveillantes.
J’en pouvais plus de le voir triste, éteint devant ses cahiers. Il fallait trouver autre chose. J’avais un peu entendu parler du unschooling, mais ça faisait monter en moi des peurs. J’avais peur de laisser tomber mon côté éducatif qui me donnait l’impression d’être une bonne mère.
Et j’avoue que ce besoin est encore présent en moi, mais que ma définition d’une bonne mère a changé. Je suis passé de: c’est la mère qui sait mieux que l’enfant à l’enfant sait mieux ce qu’il a besoin et la mère est là pour l’accompagner.
C’est pas mal la base du unschooling. L’enfant au centre de ses apprentissages. Ce qui veut dire: ne pas imposer, ne pas forcer, mais accompagner.
J’ai cessé de me transformer en professeur qui montre, mais qui malheureusement démontre à l’enfant qu’il ne sait pas. Le laissant se sentir très vulnérable et diminuant graduellement la confiance en ses habiletés.
Ça a pris pas mal de lectures et d’heures à écouter les cd audio de Naomi Aldort pour enfin faire le déclic et comprendre que les enfants ont en eux cette flamme les dirigeant comme un compas vers la réalisation de leur plein potentiel en respectant leur rythme et et leurs besoins.
Une fleur qu’on laisse pousser au lieu de tirer dessus pour qu’elle pousse plus vite. L’école fait ça. Décider à quel âge on apprend à lire sans ce soucier du développement individuel. Les humains de sont pas des robots qui savent tous marcher 356 jours après leur naissance. Pareil pour l’apprentissage de la langue et l’apprentissage de la marche. Chaque enfant a son rythme et en décidant pour lui quand il apprend à lire et à compter on le dérobe de son autonomie dans ses apprentissages. On lui envoie le message que pour les apprentissages qu’on croit « sérieux et difficiles » (parce que c’est le message véhiculé dans le monde scolaire, mais j’ai été témoin du contraire avec mes enfants) il n’a pas les capacités de les appendre sans qu’on le force.
Passer de la peur qu’il n’apprennent pas à écrire à avoir confiance en ses habiletés n’a pas été facile. J’ai du remettre en question toutes mes croyances concernant les apprentissages « scolaires ». Ce qu’on appelle, la déscolarisation. La période où on se libère des fausses croyances dont on a hérité.
La réponse était devant moi depuis le début. Jamais je n’ai eu peur que mes enfants n’apprennent pas à marcher ou à parler. J’avais confiance en leur capacité à apprendre.
J’avais confiance en eux et je l’ai perdu, du moins en partie, quand on a commencé l’école-maison. Parce que mon conditionnement m’empêchait de voir la boîte dans laquelle j’étais. La boîte maintenue en place par un paquet de croyances sur les enfants et leur capacités, transmises couramment dans les familles, le milieu scolaire et la société.
Mes enfants, depuis leurs naissances, m’ont prouvé qu’ils avaient les capacités d’apprendre.
J’avais l’impression de sauter dans le vide en renonçant à mon rôle de professeur. J’ai mis de côté l’autorité. Je n’ai plus jamais forcé les livres ou les apprentissages. Parce que dans le fond, si je le faisais c’était pour me rassurer. Parce que c’est moi qui avait peur à cause de mes croyances.
Je ne regrette tellement pas d’avoir laissé tomber l’autorité et la position de supériorité qui vient avec. En fait je crois que c’est quand on a une faible estime de soi qu’on a le plus besoin de se sentir supérieur. Au détriment de nos enfants.
Ce qui vient avant l’utilisation de l’autorité, les peurs qui nous insécurisent, ont grandement diminué parce que j’ai travaillé avec le EFT (Emotional Freedom Technique) pour changer mes croyances.
Encore aujourd’hui je sens parfois se pointer la peur et le besoin d’utiliser l’autorité. Surtout dans de nouvelles situations, comme quand Benjamin a décidé de commencé l’école à 16 ans. J’avais à nouveau peur. Peur qu’il trouve ça difficile, qu’il lâche, qu’il n’aime pas ça, qu’il soit écorché par un système inhumain. Je pouvais être intense en lui posant beaucoup de questions et en faisant plusieurs suggestions.
Je vois ces situations comme des opportunités de me débarrasser des croyances nuisant à la relation avec mon enfant. Je prend mes responsabilités en faisant du travail sur moi pour continuer d’accompagner mes enfants et non de les diriger.
En continuant d’utiliser l’autorité, j’aurais sûrement détruit les relations avec mes enfants en brisant la confiance qu’ils avaient en moi. La confiance que j’ai à coeur leurs meilleurs intérêts.
L’autorité aurait aussi fait en sorte d’éteindre à petit feu leur joie de vire, leur raison d’être. Parce que c’est ce qui m’est arrivée!
En laissant tomber l’autorité, j’ai choisi la relation et la connexion. J’ai permis à mes garçons de développer leur autonomie et leur plein potentiel. De conserver leur créativité. De penser par eux-mêmes et non juste de recracher mes pensées et celles véhiculées par la société. Maintenant qu’ils sont de jeunes adultes, c’est facile de voir que j’ai fait le choix favorisant leur épanouissement. J’en ai les preuves sous les yeux tous les jours.
Déjà dans mon enfance je savais intuitivement que la violence faite aux enfants et pas seulement celle qui laisse des traces sur le corps avait un impact négatif, et ce tout au long de la vie. Cette violence, acceptable pour une grande partie de la population, que j’ai vécue dans mon enfance a fait en sorte que j’avais une très faible estime de moi-même, que j’avais tendance à broyer des idées noires et que j’avais des croyances sur moi-même, sur mes capacités, sur ma valeur et tout, tout, tout, très négatives. J’étais loin de me douter qu’un jour la science allait prouver ce qu’intuitivement j’avais compris depuis longtemps.