Gâcher la vie de nos parents

Connaissez-vous Chrystine et Vanessa de 2 Filles Ordinaires? Ces deux sœurs publient des vidéos d’évaluation de produits et « haul » sur leur chaîne YouTube. J’apprécie qu’elles ne se donnent pas des airs et partagent candidement leurs impressions. Elles me font rire à tout coup. En écoutant leurs dernières vidéo sur la BOUFFE LOUCHE, édition Petit déjeuner au lit, à un certain moment (à 10 minutes 6 secondes pour être exacte), Vanessa dit: « ...même à nos âges on gâche la vie de nos parents. »

Dans la vidéo c’est drôle. Un petit clin d’œil mignon. Mais mon esprit, ayant comme mode par défaut l’introspection, est allé ailleurs. 

Je me souviens de vivre cette impression de « gâcher la vie » de mes parents. Je leurs gâchais la vie parce que j’avais fait un dégât, parce que j’avais des mauvaises notes ou pour des milliers d’autres raisons. En plus de la diversité des reproches, c’est la répétition qui me laissait comprendre que j’étais un poids pour eux. Encore pire quand c’était accompagné de leurs visages déçus et de phrases blessantes.

La fréquence

Quand les enfants reçoivent un reproche par jour, il est temps aux parents de remettre en question leurs attentes et les effets sur leurs enfants. À tous les jours, ça peut devenir déprimant pour un enfant de se faire pointer du doigt le fait qu’il ne répond pas aux critères de ses parents.

 
Parent faisant des reproches à son enfant.

Parent faisant des reproches à son enfant.

 

Le manque de compréhension et la communication

Quand on est un enfant, on ne comprend pas toujours les reproches qui nous sont fait. Si le parent ne s’assure pas que son message soit bien compris, l’enfant interprète du mieux qu’il peut et c’est pas toujours positif.


Prendre notre part de responsabilité en tant que parent

En plus de s’assurer que notre message soit bien compris par notre enfant, il faut aussi faire le travail de réfléchir à notre message. Pas juste comment il peut affecter notre enfant, mais aussi l’origine de notre besoin de communiquer ce message.

Bon, un exemple, parce que ça pourrait être plus clair.

Je n’ai pas d’exemple de quand mes garçons étaient enfant, mais un exemple de quelque chose que je vis en ce moment avec mon Benjamin d’amour.

Benjamin fait en ce moment sa 4ième session en informatique à Garneau. Il réfléchit à prendre une session off à l’hiver prochain et ça me travaille. Probablement pas pour les mêmes raisons que d’autres, parce que de prendre plus de temps pour faire quelque chose, j’ai aucun problème avec ça. J’adore même! #ralentir J’ai quand même le goût qu’il fasse cette 5ième session à l’hiver. Et même si le pourquoi de cette opinion est très valable, lui aussi a une opinion valable et des droits. C’est sa vie après tout. Je sens quand même le besoin de le contrôler pour qu’il prenne la bonne décision. La mienne.


Introspection

La question ici, n’est pas si j’ai la meilleure décision, mais plutôt mon besoin de le manipuler à mes propres fins en continuant de discuter et d’argumenter. Manipuler sa vie à lui. Ce n’est tellement pas à moi de prendre cette décision! Et le fait que je continue de lui dire les pourquois il devrait aller au Cégep à l’hiver lui fait probablement vivre quelque chose de moche. L’impression qu’il gâche ma vie? Je suis en train de briser notre connection, notre relation avec mon obstination.

Je vais être honnête, dans ce genre de situations, ça pas rapport avec lui, mais avec moi. Mes besoins à moi, plutôt que les siens. Est-ce que mes besoins doivent l’emporter sur les siens? Je vois plutôt un signe de maturité émotionnelle le fait de chercher la source de mon malaise et prendre la responsabilité de répondre à mes besoin pour respecter les siens.

Donc, la question est la suivante: pourquoi est-ce si important pour moi qu’il fasse sa session 5 à l’hiver? J’ai peur! J’essaie juste de diminuer ma peur en essayant de le convaincre d’aller au Cégep à l’hiver, parce que les peurs c’est angoissant. Je n’ai pas peur qu’il ne retourne pas au Cégep, j’ai peur qu’il étire sa souffrance. Le stress qu’il vit au Cégep (très semblable à celui que j’ai vécu au Cégep) me fait souffrir moi. Souffrir de le voir vivre un quotidien stressant, mais surtout voir la lumière dans ses yeux s’affaiblir tranquillement. J’ai le goût que ce soit fini le plus vite possible pour que je retrouve mon Benjamin avec des étoiles dans les yeux et la passion comme motivation.


Solution

À la lumière de ce que je suis en train d’écrire, je vois ce que j’ai à faire en plus de calmer mes peurs. M’assurer qu’il prenne en compte le positif et le négatif de chaque scénario pour prendre la meilleure décision pour lui. Surtout, qu’il sache que je suis là pour lui peu importe la décision qu’il va prendre. 

M’assurer qu’il sache que mon obstination prenait source dans mes peurs à moi. Lui parler d’étoiles dans les yeux et lui dire qu’il m’a offert une occasion de faire le travail nécessaire pour prendre la responsabilité de ce que je vis. 

« Le plus beau cadeau qu’on peut donner à nos enfants c’est de les laisser libre d’être eux-mêmes. »
— Julie Nadeau

On a tous le droit de faire les expériences qui vont nous apporter cette richesse qu’on appelle sagesse. On a le droit de se créer notre vie plutôt que celle qu’on croit devoir vivre.

Je ne veux pas que mes enfants sentent qu’ils me gâchent la vie. Qu’ils rendent mon existence plus difficile. Je me donne le droit de leur partager mes opinions (d’une façon respectueuse et non-condescendante) et mes peurs. Mais surtout de leur redire que je suis un guide dans leur vie et non un dictateur. Et que s’ils me voient avoir de la difficulté avec leurs décisions et opinions, c’est dans ma cour. C’est à moi, en tant que parent, à être mature et à dealer avec mes peurs et mes insécurités.