Jeunes adultes unschoolers - Épisode 4

Temps de lecture: 7 minutes

Ligne du temps de Benjamin et Léo en 14 points.

Mes impressions et mes commentaires sur cet épisode juste après la vidéo.

Quel est le déroulement d'une journée d'un adolescent unschooleur? Que faisiez-vous de vos journées?

Benjamin

J’ai observé qu’à l’adolescence, Benjamin et Léo se sont en quelque sorte spécialisés. De tous les intérêts qu’ils ont développés au fil des années, ils ont approfondi ceux qui les passionnaient le plus. Benjamin a acquis beaucoup d’expérience en programmation et a fait beaucoup de recherche et d’expérimentation tout au long de ses apprentissages. C’est comme ça qu’il a par la bande approfondi certains outils nécessaires à l’étude de la programmation et à la communication, l’anglais, les mathématiques et le français.

Léo

J’adore quand Léo dit « C’est pas mal de jouer, on va se le dire. » Il est conscient qu’est véhiculée la croyance que le jeu n’est pas sérieux et par conséquent il n’est pas valorisé. On dissocie le jeu et le travail alors que la combinaison des deux est essentielle à une bonne santé mentale et par le fait même une bonne santé physique. Je suis contente que Léo soit conscient qu’un bon état d’esprit est très important et qu’il sache que l’énergie du “jeu” lui permet concrètement d’avoir du pouvoir sur comment il se sent. Quand on a du pouvoir sur notre vie, on n’est pas dans un mode de victime. Ce mode qui donne l’impression que la vie est difficile, qu’on n’y peut rien et nous rend malheureux.

« C’est pas « mal » de jouer, on va se le dire. »
— Léo

Léo associe une chemise de travail et un café avec son père Patrick, parce que c’est comme ça qu’il part travailler le matin depuis que Léo est né.

Je me souviens de cette période de la vie de Léo, à l’adolescence où il investissait beaucoup de temps dans le développement de ses habiletés en animation 3D. Un beau jour il me demande qu’on lui trouve des chemises de travail comme celle que porte son père.

- Comment est-ce que ça te fait sentir de porter une chemise de travail?

- Plus travaillant, je travaille pour changer ma vie.

Je crois que ça lui permet de sentir qu’il prend au sérieux ce qu’il fait et que c’est important. Il s’engage de façon assidue et de façon autonome dans un projet qui l’intéresse.

Léo dit qu’il ne veut pas travailler 40 heures par semaine. Je crois que c’est en lien avec le fait qu’il a beaucoup de passions et sent le besoin de continuer de les explorer. Avec des semaines de 40 heures, des enfants et les responsabilités qui viennent avec la vie d’adulte, il reste peu de temps pour explorer nos passions. Je suis consciente que ça va à l’encontre des valeurs de performance et de productivité de la société. Ça fait longtemps que je sais que ces valeurs peuvent grandement nuire à une bonne santé mentale et nuire au bonheur ressenti au quotidien. Je veux que mes enfants soient heureux et pour ça je crois qu’il faut un équilibre et une combinaison entre la productivité et le plaisir. Laissons nos enfants nous montrer avec toute la créativité qu’ils ont, comment vivre leurs passions tout en répondant aux besoins de leurs familles.

Au cours des années, y a-t-il eu un moment où vous avez trouvé votre style de vie unschooling difficile? Comment avez-vous vécu cela?

Benjamin

Quand j’écoute Benjamin dire que prendre la décision d’aller à l’école a été difficile, je ne peux m’empêcher de penser aux inquiétudes qu’avait mon chum. Patrick craignait que si les enfants n’apprenaient pas à faire des efforts, qu’ils ne soient pas capables d’en faire à l’âge adulte. Benjamin prouve qu’il a fait des efforts et qu’il continue d’en faire pour atteindre ses objectifs.

Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas nos enfants faire des efforts qu’ils n’en font pas. Ce n’est pas parce qu’on peur que si ils n’apprennent pas à faire des efforts, qu’ils n’en feront pas plus tard.  

Une chose est certaine, si on choisit d’imposer à nos enfants les peurs qui nous animent en les obligeant à faire des efforts, on brise un peu cette connexion qui permet la confiance dans la relation et la confiance en soi.

La clé est de choisir de faire des efforts. On ne peut pas faire ce choix pour eux et on n’est souvent pas conscient quand ils choisissent de faire des efforts parce que ça se passe à l’intérieur.

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« J’ai peut-être appris 5% au cégep (en informatique). »
— Benjamin

Léo

Je trouve ça drôle quand Léo suggère d’offrir aux enfants des devoirs. Je n’ai jamais offert des ressources pédagogiques à moins que c’était en lien avec des besoins qu’ils m’exprimaient. Quand Benjamin a commencé l’école, Léo a exprimé le besoin de faire des cahiers de français pour se préparer à son entrée éventuelle à l’école. On a fait des recherches, regarder les options et on a acheté une formation en ligne de la Sofad. Sans aucune pression de ma part, il a complété la formation. Il a même créé un long document de référence, sa propre grammaire.

Je ne suis pas certaine que Léo aurait aimé que je lui propose ou impose de faire des cahiers sans que lui m’exprime ce besoin. C’est comme quand on est enceinte et que quelqu’un nous donne un conseil alors qu’on n’a rien demandé. Ça éveille en nous un sentiment d’incompétence. On pense « Si cette personne me donne des conseils, c’est parce qu’elle doit penser que j’en ai besoin ». Je ne voulais pas que mes enfants se sentent incompétents, c’est pourquoi j’attendais qu’il me fasse une demande avant d’explorer les possibilités de répondre à leur besoin. Je ne donnais pas des conseils non demandés, mais parfois quand je sentais une ouverture d’esprit et que je trouvais que c’était pertinent, je faisais des suggestions, mais rarement en lien avec l’apprentissage du français. Je voulais laisser la fleur pousser à son rythme avec juste ce qu’elle a besoin d’eau et de soleil pour favoriser son épanouissement.

Quand l’enfant vient à nous, il est dans son pouvoir et c’est avec cette énergie que se construit la confiance en soi. Alors qu’avec des suggestions (même bienveillantes) il y a la forte possibilité que l’effet contraire se produise, diminuer la confiance en soi.

« En fait c’était pas si utile toute cette préparation-là. »
— Léo

Qu'appréciez-vous le plus dans le fait de vivre un mode de vie unschooling?

« C’était justement la liberté de pouvoir faire ce que je veux autant que je voulais. »
— Benjamin
« Avoir du temps pour soi-même, beaucoup de temps pour soi-même. »
— Léo

En tant que jeunes adultes unschoolers, quel conseil aimeriez-vous partager avec des parents qui débutent le unschooling avec leurs enfants?

Benjamin

La réponse de Benjamin me rappelle quand j’ai lu pour la première fois que les apprentissages sont quelque chose d’intérieur. En tant que parent, nous voyons certains apprentissages que nos enfants ont fait, mais c’est impossible de tout voir. Impossible de répertorier et d’évaluer l’étendue de leurs apprentissages. 

Puis, il y a aussi la notion de temps qui entre en jeu. Au primaire, on s’attend à certains apprentissages à un certain âge. Pour un enfant naturel, faisaient les apprentissages libres, ça varie énormément parce que ça répond à un besoin de l’enfant plutôt qu’un besoin de l’adulte. Certains enfants apprennent à lire à 4 ans et d’autres à 10 ans. C’est seulement dans un contexte scolaire que la pression de lire se fait sentir. À la maison, c’est facile de soutenir l’enfant dans sa démarche vers l’apprentissage de la lecture. Benjamin et Léo venaient me voir pour me demander ce qui était écrit sur la boite de leurs jeux, tous les soirs on lisait des livres pendant la routine du dodo. C’était des petites graines qu’on semait qui peuvent paraitre insignifiantes, mais qui n’éteint pas le désir d’apprendre de l’enfant. Avec cette liberté je pense que les enfants comprennent que certaines personnes arrivent à déchiffrer ces petits dessins et il apprend à s’intéresser à ce que veulent dire ces petits dessins. Ce désir, cette curiosité sont les circonstances favorables à un développement positif de la lecture. Je voulais que la lecture et l’écriture ne soient pas un handicap, mais plutôt un outil qu’ils n’hésitent pas à utiliser.

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Léo

Pour l’avoir vécu, un environnement strict est un environnement étouffant. Donner la liberté à nos enfants d’être qui ils sont, ne veut pas dire en faire des enfants rois. En tant que parent, on se respecte et on respecte nos enfants. Ils apprennent à se respecter et à respecter les autres. Parce que je n’utilise pas mon pouvoir pour les obliger à faire quelque chose qu’ils ne veulent pas faire, ils n’ont pas les blessures poussant une personne à perpétuer l’abus et sont plutôt empathiques et respectueux.

Dernièrement j’ai lu un truc qui a tellement de sens. C’était quelque chose du genre, une personne heureuse ne fait pas de mal aux autres. C’est si simple et en même temps tellement vrai. Quand on se sent bien et qu’on aime notre vie, cette vision positive ne peut que se refléter dans nos interactions avec les autres. Le contraire est aussi vrai. Quelqu’un qui souffre extériorise cette souffrance la plupart du temps sans en être totalement conscient.

« Ah, j’ai du temps, ma vie va bien. »
— Léo

Je voulais que mes enfants sachent d’expérience ce qu’est être heureux et être aimé. Pour qu’ils puissent reconnaitre facilement les situations les rendant malheureux et qu’ils puissent continuer de se créer une vie qui les rend heureux.

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À bientôt et bon mois de la sensibilisation aux apprentissages en famille! #msaef

Julie xo